Ex ducere.
1.
Je n’ai que rarement menti
Tout au long des décennies,
Par devers moi, par dehors,
Pour mon confort, pour de l’or.
Je n’ai pas non plus triché
Avec menace et pouvoir,
A m’obstiner à devoir
Faire de dogmes des vérités.
J’ai avancé les mains nues,
Arpentant mondes et rues,
M’émouvant de la beauté
Tout autour, à bien chercher.
J’avais des semelles de vent,
L’esprit libre et vagabond
Pour découvrir devant
Mille lieux en quelques bonds.
Je n’courais pas, je volais,
Léger comme l’est le roit’let.
Un fol univers offert
Sans faire cas de ses barrières.
2.
Mais tous les frères ne sont pas
Des bipèdes avec des ailes.
Il y en a qui trainent le pas,
Qui aiment trop leur parcelle.
Et bien souvent ils ont peur
D’avancer le coeur léger.
Ils piétinent à demeure,
Encensent leurs chers clochers.
Parfois à force d’ennui
Ils s’occupent à en vouloir,
A celui qui pas comm’ lui,
S’amuse du dérisoire.
Ainsi l’homme libr’ devient
Peu à peu leur exutoire,
Celui qui sans le vouloir
Leur rappelle leurs nombreux liens.
Alors ils envoient leurs flèches
Sur ces oiseaux de passage,
C’est de la sorte, revêches,
Qu’ils m’ont pris dans leur maillage.
3.
J’ai atterri, atterré.
D’une chute non libre, enterré.
A résidence, assigné,
Par un pouvoir décidé.
Pas le pouvoir des idées,
Non, celui de l’argent roi.
De la course au faux progrès
Prompt à créer mon effroi.
Est-ce l’espèce qui déraille
Ou bien seulement quelques uns,
Qui mènent sous la mitraille
De force tout un chacun ?
Qui portant de tristes masques
« Passe »nt sous des fourches codines,
La tête basse sous la bourrasque,
Ils courbent un peu plus l’échine.
Manipulation dans les airs.
Mauvais parfum délétère.
Quelle est donc cette vilaine farce ?
A qui, à quoi faire face ?
4.
Il s’agit de prime abord
Des garants d’un paradigme,
D’une armée de chercheurs d’or
Qui s’expriment en borborigmes.
De survivalistes en transe,
La peur au ventre, animale,
A l’action gouverne-mental,
Qui imposent leurs vieil’ croyances.
Tels des guerriers Jivaros,
Ces réducteurs de têtes
Ont besoin de nos bravos
Pour nous mettre sous leur houlette.
Ainsi nous nous soumettons,
Manière col-laboratoire,
De n’pas voir que dans le fond
Nous reproduisons l’histoire.
5.
Celle d’un grand corps militaire,
D’un godzilla dur et froid,
Sort’ de monstre millénaire,
Qui marche au pas et tout droit.
Frankenstein fait de nos chairs
Se sert de sa main de fer,
Nous attrape un à un,
Pour nous fondre en son sein.
C’est tout’ la lach’té humaine
Qui circule dans ses veines,
Et notr’ trist’ résignation
Permet sa locomotion.
Cet amalgamme immonde,
Cette bête d’outre-tombe
Incarne elle seule la cité,
Veut même prendre les forêts.
Elle avance dévastant
Tout sous son pas de tornade,
Ne fait pas cas du vivant,
Absorbe toutes les peuplades.
Les corps qui la constituent
N’ont plus aucun libre arbitre,
Font même fi de leur vertu,
N’ont jamais voix au chapitre.
Ils ne sont plus que les rouages
De cette grande mécanique,
Ce Deus-ex-maquillage
Est leur camisole physique.
Rien ne rien d’insister plus
Sur la machine-dévotion,
Pour éviter ce virus
Viennent d’autr’ considérations.
6.
Frères libres où êtes-vous ?
Je ne vois plus que dans l’ombre
Des êtres au garde à vous,
Confinés en antichambre.
Y a-t-il encore des rêveurs ?
Et des hommes plein de vie
Qui ne cèdent pas à la peur,
De fausses-vraies maladies ?
Soleil-arpentage-chemin
Coeur-langage-conscience-essais
Idées-pensées-lendemains
Savoirs-transcendance-bienfaits
Horizon-autonomie
Partage-rencontre-fratrie
Esprit-éveil-sentiers
Sueur-travail-humilité
Entraide-communication
Sourires-bien-être-relations
Simples et libres grains de poussières
Contents d’une vie éphémère.